Les rescapées des régimes
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 A la recherche du titre idéal...

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florisse
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florisse


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MessageSujet: A la recherche du titre idéal...   A la recherche du titre idéal... Icon_minitimeVen 10 Sep - 11:21

Paru dans le Figaro littéraire :

Comment naît un titre ?

701 romans en cette rentrée, autant de cas. Un choix qui peut être décisif pour le sort d'un livre.

Vous l'ignorez, sans doute. Les Stalactites du passé est l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature française. Julien est l'œuvre qui a consacré Stendhal, et tout le monde a déjà lu Les Aventures souterraines d'Alice . Il est vrai que l'on connaît mieux ces livres sous un autre titre : À la recherche du temps perdu , Le Rouge et le Noir et Alice au pays des merveilles . Ces écrivains auraient-ils eu le même succès s'ils avaient suivi leur idée initiale ? Pas sûr…

Existe-t-il pour autant une règle assurant le succès ? À considérer les 701 romans de cette rentrée littéraire, on remarque d'abord l'extraordinaire diversité des mots couchés sur la couverture. Le poétique Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, l'énergique Demain j'aurai vingt ans, le peu engageant Purge, le mélancolique C'est une chose étrange à la fin que le monde, l'aride Sols, le saignant Bifteck ou l'inattendu Fruits & légumes. On remarquera que beaucoup d'auteurs empruntent leur titre aux poètes ou à leurs prestigieux aînés.

La naissance d'un titre se fait parfois dans la douleur. Chaque éditeur a une anecdote ou le souvenir d'une idée de départ - bancale, peu séduisante - qui a abouti au choix génial, évident. Tous s'entendent sur deux points. Le premier : «Le titre fait partie de l'œuvre, souligne Claire Delannoy chez Albin Michel. Il faut qu'à sa lecture on sente la vision de l'auteur. Il est évidemment très important, il doit donner envie de lire la quatrième de couverture.» En second, les éditeurs estiment que chaque roman est un cas de figure singulier : la littérature est une activité de prototype. « C'est quand même la première chose que découvre le lecteur», souligne Émilie Colombani, édi­trice au Seuil. Ainsi, avant d'opter pour Les Assoiffées , de Bernard Quiriny, qui narre l'histoire d'une dictature féministe, l'auteur était arrivé avec Lady's Only . Mais Émilie Colombani l'a convaincu d'en changer : «C'est une confrontation qui peut durer des mois.»

Pas de règles

Il semble qu'une règle émerge tout de même : «Mieux vaut éviter les termes négatifs», estime Jean-Marc Roberts, le directeur de Stock. ­Adélaïde de Clermont-Tonnerre tenait absolument à Mauvais rôle ; il a fallu des mois à Roberts pour imposer Fourrure. Mais il n'y a pas de règles. Le mot «grammaire» avait été déconseillé à Erik Orsenna. Il y tenait… Et son livre La grammaire est une chanson douce a été un grand succès ! Quant aux titres en anglais ou en langue étrangère, de plus en plus utilisés, comme pour le dernier roman de Taillandier, Time to Turn, ils ne sont pas forcément rebutants. Le Goncourt 2007 (Alabama Song) et le Goncourt 2008 (Singué Sabour) en sont les meilleurs exemples. D'autres auteurs s'inscrivent dans la durée : La Carte et le Territoire, de Houellebecq, fait écho à ses précédents romans.

Une fois le titre trouvé, l'éditeur n'est pas encore au bout de ses peines. Il ne faut pas oublier l'aspect juridique. Il est arrivé qu'une maison d'édition envoie au pilon les premiers milliers d'exemplaires imprimés, car d'autres avaient déjà eu la même idée. L'éditrice Anne-Marie Métailié en a fait l'expérience : elle avait titré le roman d'un auteur brésilien L'Enfant éternel, le même que celui de Philippe Forest, paru dix années auparavant. Résultat de cette négligence : 4000 exemplaires pilon­nés. Cela aurait pu arriver aussi à Delphine de Vigan, qui avait choisi Fragile comme titre pour l'un de ses romans. Or, après vérification, l'éditeur s'est aperçu que Philippe Delerm l'avait utilisé pour un ouvrage écrit avec sa femme. «Depuis le début, nous avions ce titre en tête, se souvient Karina Hocine, éditrice chez JC Lattès. Nous avons finalement opté pour Les Heures souterraines. Avec le recul, on se dit que ce titre était le bon, beaucoup plus singulier que Fragile.» L'éditrice reconnaît aussi que certains titres s'imposent d'eux-mêmes, citant L'Effet Larsen pour le dernier livre de Delphine Bertholon dont l'un des personnages souffre d'hyperacousie, alors que d'autres exigent de la délicatesse. Les Vies extraordinaires d'Eugène donne ainsi pleinement la mesure du beau roman d'Isabelle Monnin dont le point de départ est la mort d'un enfant prématuré.

Reste les culottés, qui font mouche avec des effets complètement décalés, à l'instar de Stieg Larsson, adepte du titre à rallonge pour sa série Millenium. Ils ont aussi joué en faveur du succès. Ce qui n'empêche pas Bertrand Py, éditeur chez Actes Sud, de constater : «Il ne faut pas hésiter à aller vers des choses simples dont l'impact est inversement proportionnel, comme Les Déferlantes, par exemple, qui dit tout du roman de Claudie Gallay.» Un titre qui a effectivement tenu ses promesses, dans le cœur des lecteurs et jusque dans les chiffres de vente.

VO vs VF

Les titres des romans étrangers ne posent pas de problèmes kafkaïens aux éditeurs français. Dans la plupart des cas, la traduction littérale ou légèrement adaptée s'impose. En cette rentrée, Point Omega, de Don DeLillo, devient Point oméga (Actes Sud) et Anatomia de un instante, de Javier Cercas, Anatomie d'un instant (Actes Sud). Même chose pour les prochains Philip Roth, Indignation en VO, Indignation en VF (Gallimard) et Patti Smith, Just Kids demeurant Just Kids (Denoël), meilleur que «Rien que des gamins» !

Cas plus intéressant, celui de la star Bret Easton Ellis, dont Imperial Bedrooms donne, chez Robert Laffont, l'étonnant Suite(s) impériale(s). Explication de l'éditrice, Maggie Doyle : «C'est un clin d'œil. Nous avons pris en compte la notion de “suites d'hôtel”, et aussi le fait que ce roman est la suite formidable de Moins que zéro .» Lorsqu'un titre original est traduisible mais ne fonctionne pas, l'éditeur, avec l'accord de l'agent, s'il y a un droit de regard contractuel, s'arroge le droit de le changer. «Le best-seller d'Alice Sebold s'appelait The Lovely Bones, «les jolis os», titre plutôt déprimant, raconte Maggie Doyle. Il a fallu trouver autre chose.» Au final, La Nostalgie de l'ange l'a emporté.

Meilleur que l'original ?

Même sans clause contractuelle sur le titre, les éditeurs ont, en général, l'élémentaire courtoisie d'informer l'écrivain de leur choix. Quand un rapport d'amitié existe avec l'auteur, cela facilite les choses. Grâce à sa complicité avec l'Anglaise Rose Tremain, Sylvie Audoly, éditrice chez Lattès, a pu s'éloigner de Trespass, titre de son dernier roman, qui donnait «violation, transgression, intrusion», «pas terribles ou existants déjà », pour choisir finalement Les Silences, adoubé par l'auteur.

Autre exemple : «Je me souviens du roman de Russell Banks The Darling, raconte Marie-Catherine Vacher, éditrice chez Actes Sud. Ce titre, allusion à un personnage de petite femme chez Tchekhov, ne fonctionnait pas en français. Dans le train qui nous menait en province, j'ai proposé à Russell des pistes, dont American Darling, qui lui a plu et qu'il a même préféré à l'original !» En règle générale, ajoute l'éditrice, «nos interlocuteurs, agents ou auteurs, sont assez astucieux pour comprendre que la traduction littérale peut parfois s'avérer catastrophique ». Même son de cloche au Seuil, où Annie Morvan, éditrice de littérature espagnole, confie n'avoir jamais de problème avec les grands auteurs «qui sont très attentifs à donner des titres universels». On imagine qu'en 1953 les Éditions Robert Laffont, recevant la traduction par Jean-Baptiste Rossi de The Catcher in the Rye, de J.D. Salinger, n'ont pas eu à réfléchir dix ans avant d'oublier l'improbable «attrapeur dans les seigles», image onirique tout droit sortie d'un poème de Robert Burns, pour lui préférer le désormais mythique Attrape-cœurs.
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